Lettre de Pierre Massé au premier ministre

Dans cette lettre, le commissaire au Plan exprime au premier ministre Michel Debré les raisons qu'il a de douter de l'intérêt d'une liaison fluviale entre le Rhin et le Rhône.
Pierre Massé opposé à Rhin-Rhône
Pierre Massé tire son analyse du rapport Boulloche, dont il ressort que la voie d'eau, à moins d'hypothèses irréalistes, est moins avantageuse du point de vue des comptes de la nation que la solution apportée par le train. Il rejette comme une illusion la croyance qu'une voie d'eau reproduirait par ses seules vertus le processus historique complexe qui a assuré à la région rhénane sa prospérité. Il inscrit sa réflexion dans le temps long, où le minerai de fer lorrain sera épuisé (c'est le cas aujourd'hui), où les besoins de transport de produits pondéreux seront moindres du fait de la prise d'importance des produits élaborés. Il prédit à ce sujet l'essor rapide de la branche "micro-miniaturisation" de l'industrie électronique.

Présentation du Clac en 1997:
En 1960, Abel Thomas, commissaire à l’Aménagement du territoire, présente un rapport sur l’axe Rhin-Méditerranée, qui conclut à l’utilité de la mise à grand gabarit de la liaison fluviale Saône-Rhin. Un an plus tard, le rapport du Commissariat général au Plan, présenté par le conseiller d’Etat André Boulloche, est beaucoup plus nuancé sur la nécessité de réaliser rapidement cette liaison, et préconise plutôt d’achever les travaux sur le Rhône et la Saône, et de promouvoir le chemin de fer entre les deux bassins hydrographiques.
Le 31 octobre 1961, un mois après la remise du rapport Boulloche au gouvernement, Pierre Massé, commissaire général au Plan, écrit à Michel Debré, Premier ministre, pour lui faire part de son opinion sur la question. Pierre Massé est plus que réservé sur le projet fluvial Rhin-Rhône, et expose ses arguments, avec une vision prospective très clairvoyante sur l’évolution de l’économie et des transports pour la fin du siècle. Compte tenu de cette évolution prévisible, Pierre Massé ne voit pas « comment il pourrait être raisonnablement envisagé un grand investissement qui a plus de chances de prolonger le XIXe siècle que de préfigurer le XXIe ».

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