Argumentaire sur le projet de canal SNE


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Le projet de canal Seine-Nord Europe (CSNE) prévoit la construction d'un canal de liaison à grand gabarit de 107 km, maillon de la liaison Seine-Escaut entre l'Ile-de-France et les ports du Nord européen. Ce chantier, s'il était réalisé, absorberait officiellement 5,1 milliards d'euros (en réalité, beaucoup plus) et occuperait au moins 3100 ha de riches terres agricoles. Avec ses 75 millions de m3 de terrassements, ils représenterait les plus grands travaux d'infrastructure que la France ait jamais connus.

Pour quels bénéfices ? Dans l'argumentaire présenté ici, le CLAC apporte des réponses, fondées sur des études existantes et une analyse géographique.

Nos investigations sur SNE nous conduisent à mettre en doute (à grand renfort de data et de cartes) les promesses de ce projet, notamment dans cinq domaines :

– pour les conteneurs de la mondialisation, SNE ne peut pas alléger significativement la circulation des camions sur l'autoroute A1. Et le port d'entrée des marchandises pour l'Ile-de-France ne devrait pas être Anvers ou Rotterdam, mais Le Havre ;

– pour le "vrac pondéreux", l'agent public n'a pas à servir – via SNE – au développement de l'export massif de céréales. Et la réindustrialisation des Hauts-de-France n'a pas grand chose à attendre de bateaux de 3000 ou 4000 tonnes.

– pour l'énergie, SNE ne peut pas rivaliser avec le train, notamment du fait des pompages que nécessite un canal de liaison interbassin ;

– l’inscription du projet SNE dans un « futur » réseau fluvial à grand gabarit français qui n’a aucune chance de voir le jour ne renforce pas sa crédibilité ;

– les nouvelles données climatiques peuvent remettre en cause les projets utilisant l’eau, stérilisant de grandes surfaces agricoles et nuisibles à la biodiversité.

La réalisation de SNE est annoncée comme inéluctable, mais cela fait partie d’une stratégie des promoteurs que nous avons bien connue pour Rhin-Rhône puis pour SMSR avant leur abandon. Les seuls travaux commencés fin 2022 pour le CSNE sont des travaux préparatoires et non la construction du canal lui-même.

Quant à la promesse de la fourniture par l'État du milliard d'euros manquant au financement du CSNE, faite par Emmanuel Macron le 22 novembre 2019, elle est à juger à l'aune d'une réalité : l'Agence de financement des infrastructures (AFITF) manque toujours de recettes et ne débloquera l'argent pour le CSNE, d'année en année, qu'au détriment d'autres projets plus utiles, comme la modernisation des chemins de fer ou l'entretien du réseau fluvial existant.

De plus, les 750 à 900 millions nécessaires à la Société du canal SNE (SCSNE) pour boucler le budget du canal sont tributaires d’une taxe à prélever par la région Hauts-de-France, notamment sur le transport routier, mais les contours de cette taxe ne sont pas encore définis et son principe n'est même pas accepté par Xavier Bertrand, le grand promoteur du canal.

D'un côté, le projet avance techniquement à grands pas vers sa réalisation. De l'autre, il n'est toujours pas financé.

Par ailleurs, ses aspects dévastateurs commencent à mobiliser les populations concernées et des groupes d'opposition s'organisent depuis 2022.

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